• Jeunesse brisée

     

    Jeunesse brisée : chroniques de Borng Tha sous le Kampuchea démocratique

    Sathavy Kim - Actes Sud  2008 – 19€

     


    « De sa jeunesse brisée par la dictature khmère et sa détention de trois ans, Sathavy Kim rapporte un témoignage dédié à l'avenir démocratique du Cambodge. Elle avait 21 ans quand, en 1979, après une fuite éperdue à partir de Phnom Penh où elle était étudiante, elle fut arrêtée et enfermée dans un camp. Elle a survécu à des conditions abominables. »

     

    Mon point de vue

     

    Issue d'une famille à la fois lettrée et attachée à la terre, Borng Tha (Sœur Tha, ainsi qu'elle est rebaptisée dans le camp, la notion de famille n'ayant plus cours) doit sa survie à la dissimulation de la part « capitaliste » de son éducation (son origine citadine, sa connaissance de la langue française) ; à sa force de travail, quand par exemple, il leur faut déblayer chaque jour 3 mètres cubes de terre par femme pour édifier un barrage ; et aussi à la solidarité entre les prisonnières et la bienveillance de certaines chefs de camp, en général de simples paysannes promues à ce grade malgré elles, simplement du fait qu'elles symbolisent le « peuple nouveau » et tout aussi terrorisées que leurs prisonnières.

     

    Récit très pudique où jamais l'auteur ne s'apitoie sur elle-même et où jamais elle ne se complait à décrire l'horreur dans laquelle elle vécut. De simples évocations suffisent ...On est suffoqué par l'absurdité de ce régime qui élimine systématiquement tout ce qui n'est pas conforme à la nouvelle idéologie de l'Angkar (Organisation en français). Non seulement les personnes mais aussi les rites : ainsi, le mariage est devenu une cérémonie collective où hommes et femmes s'unissent à la chaîne, suivant des critères établis par les dirigeants, les enfants ne vivent plus avec leurs parents...

    La culture khmère est anéantie, la dignité humaine bafouée.

     

    L'auteur, à sa libération, a pu reprendre des études et est devenue juge à la Cour Suprême du Cambodge. Son parcours est une leçon de courage et de persévérance. Mais elle le reconnaît elle-même : seule l'écriture a réussi à repousser ses cauchemars. Encore lui a-t-il fallu 30 ans pour réussir à faire cette démarche et elle reste solidaire de toutes ces autres femmes qui n'ont pas eu cette chance, soit parce qu'elles sont mortes, soit parce qu'elles sont restées vivre dans les villages. Solidaire aussi des anciennes chefs de camp qu'elle a pu revoir et dont le sort est bien souvent de vivre dans la honte alors qu'elles sont hantées elles aussi par les mêmes cauchemars.

     


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